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Photo du rédacteurFranciane HERON

Une danse avec les courbes : ma trajectoire vers l'équilibre et l'empathie


femme aux formes généreuses allongée sur la plage

Bather on the beach, © Fernando Botero, 2001

Paris, le 05.03.24

Chers lecteurs,


Hier, était la journée mondiale dédiée à la lutte contre l'obésité.Je voudrais partager mon propre parcours, un cheminement de la courbe du poids à la découverte de la véritable empathie. Anciennement obèse, je suis maintenant fièrement ancrée dans une courbe de poids considérée comme « normale ». Cependant, il est temps de reconsidérer ce que signifie réellement être « normal » et d'explorer le lien profond entre la nutrition, le jugement du corps, la psychologie et, surtout, l'empathie.


Mon histoire commence comme celle de nombreuses personnes : j'ai lutté contre mon poids pendant des années, alternant des régimes parfois très farfelus.

Dès l'entrée au collège, le diagnostic médical d'obésité est posé : 1,50 m pour 72 kg. Les critiques étaient mon lot quotidien. Cependant, le fait de partager ces années de scolarité avec mon frère « presque jumeau », allié à notre détermination à être premiers de la classe, nous a permis de tisser des liens d'amitié avec d'autres enfants. Ces critiques n'ont pas viré au harcèlement grossophobe. De la scolarité en Guadeloupe à mon premier emploi à Paris, les courbes de mon corps ont oscillé en fonction de mes lieux de vie et de mon bien-être mental. De regards désapprobateurs, des moqueries, à la violence-déclic de l'invisibilité subie dans les transports d'Île-de-France… Ainsi, j'ai dansé avec les courbes pendant une quinzaine d'années avant d'atteindre l'équilibre puis la phase de stabilisation, pendant une autre quinzaine d'années.

Au-delà du nombre sur la balance, il y a une bataille contre les stéréotypes et les préjugés qui entourent l'obésité.


La nutrition est souvent le premier élément sur lequel se concentrent les regards critiques. Mais la réalité est bien plus complexe que la simple question de ce que nous mettons dans notre assiette. La nutrition est liée à notre psychologie, à nos émotions et à notre relation avec notre corps. Pour certains, la nourriture devient un réconfort dans les moments de stress ou de tristesse. Pour d'autres, elle est associée à des souvenirs d'enfance ou à des traditions familiales. Comprendre ces liens émotionnels est essentiel pour aborder la question de l'obésité avec empathie.


Le jugement du corps est un autre aspect crucial de cette lutte. La pression culturelle sur la conformité aux normes de beauté établies exerce une influence puissante sur notre perception de nous-mêmes. Les regards critiques et les commentaires blessants sont des poids invisibles que portent nombre d'entre nous. Cependant, la vraie révolution réside dans la façon dont nous choisissons de définir notre propre valeur, au-delà des standards imposés par la société.Trop souvent, les personnes en surpoids sont réduites à leur apparence physique, ignorées pour leurs compétences, leurs talents et leur humanité. Mais le poids ne définit pas une personne ; nous devons apprendre à regarder au-delà des apparences et à reconnaître la richesse de la diversité humaine.


La psychologie joue un rôle central dans notre relation avec la nourriture et notre corps.

L'obésité ne se limite pas à la surface, elle est profondément enracinée dans la psychologie individuelle. Les habitudes alimentaires, les mécanismes d'adaptation émotionnelle et les traumatismes peuvent tous jouer un rôle crucial dans la façon dont notre corps réagit. Au lieu de blâmer, poser un regard humain, exempt de jugement, offre un soutien psychologique et émotionnel à ceux qui en ont besoin : l'empathie est une puissante force de guérison.


Dans cette danse intime avec ma propre histoire, j'ai réalisé une vérité essentielle : être en bonne santé ne se mesure pas uniquement par un chiffre sur la balance.

Certes, le surpoids est incontestablement associé à un éventail de maladies, et prendre soin de son corps est une démarche cruciale. Cependant, il est tout aussi important de reconnaître que la santé physique ne se résume pas à un simple nombre. La balance ne mesure pas la force intérieure, la résilience émotionnelle, ni la vitalité qui émane de l'amour-propre.

J'ai appris que l'équilibre nutritionnel, l'activité physique régulière et la santé mentale jouent tous un rôle clé dans la recherche d'un bien-être global. Mon corps a été mon meilleur professeur, m'enseignant que chaque individu a une trajectoire unique vers la santé. La pression de correspondre à un idéal de poids ne fait que brouiller la compréhension de ce que signifie réellement être en bonne santé.


Ainsi, souvenons-nous que la santé est un voyage holistique : une synergie entre le physique, le mental et l'émotionnel. La quête de bien-être devrait être teintée de compassion envers soi-même, sans être obsédée par les chiffres, mais plutôt guidée par une compréhension profonde de nos propres besoins.


Alors, au-delà des normes imposées par la société, honorons nos corps pour ce qu'ils sont, des chefs-d'œuvre uniques en constante évolution.  La santé réside dans la conscience, l'amour de soi et la recherche d'un équilibre qui transcende les simples mesures. Aujourd'hui, célébrons la diversité des chemins vers la santé, car la véritable richesse se trouve dans la rencontre intime avec notre propre bien-être.

Parce que cette Journée mondiale de lutte contre l'obésité est passée pratiquement inaperçue, je lance un appel à l'empathie.  Que chacun de nous prenne le temps d'écouter, de comprendre et de soutenir ceux qui luttent contre leur poids, en les regardant sans les juger. Ensemble, cultivons un environnement de bienveillance et d'acceptation où chacun peut s'épanouir pleinement, quel que soit son poids ou sa taille.



Avec amour et solidarité

Franciane Héron


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